Récit d'expériences astrales de l'an 1907

Comment faire un voyage astral ? Expériences, méthodes, témoignages, technique voyage astral.

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Récit d'expériences astrales de l'an 1907

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Remarquable article tiré de la revue « L’Écho du Merveilleux » du 15 juillet 1907, pages 269 à 273.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55559786.image

L’occultiste Pierre Piobb est interrogé par un journaliste à propos de ses expériences astrales. Il raconte et répond précisément aux questions. Il est intéressant de constater que depuis un siècle la mentalité n’a pas changé : d’un côté l’occultiste pratiquant et vérifiant, de l’autre côté l’intellectuel théorique et sceptique.

LES « SORTIES EN ASTRAL » ?
LES EXPERIENCES DE M. PIERRE PIOBB

Les « sorties en astral » ! C'est ainsi que les occultistes appellent le phénomène qui consiste - ou qui consisterait, car nous n'en certifions pas la réalité - à extérioriser sa personnalité psychique.

Ils prétendent, en effet, que, dans certaines conditions, il n'est pas impossible à l'âme de sortir du corps et, comme un prisonnier à qui on accorderait quelques instants de liberté, d'errer, invisible, par le monde. Ils expliqueraient ainsi la croyance au sabbat.

Dans le but d'élucider la question, il nous a paru intéressant d'aller interroger M. Pierre Piobb.

M. Pierre Piobb est un homme de science dont tous les lecteurs des magazines contemporains ont apprécié le savoir encyclopédique. Nos lecteurs, en particulier, se souviennent d’avoir lu, ici-même, une suite d'intéressants articles ou il exposait les procédés astrologiques des anciens.

Il est également l'auteur d'une traduction française du fameux Traité d'astrologie générale, de Robert Fludd, qui vient de paraître chez l'éditeur Daragon.

Mais c'est surtout la lecture de l'ouvrage qu'il a publié cet hiver chez le même éditeur, sous ce titre qui sent le fagot : Formulaire de Haute Magie, qui m'a donné la tentation d'aller l'interroger.

Les choses qu'il m'a dites sont si étranges, elles exhalent un relent si prononcé de sorcellerie, que ce n'est pas sans quelque hésitation que je les rapporte.

Les lecteurs de l’Echo ne pourront pas me reprocher de les avoir pris en traître : ils sont prévenus !

M. Pierre Piobb, que je trouve dans son cabinet de travail où d'innombrables ouvrages sont alignés avec un soin méticuleux, est un homme jeune, de taille moyenne, plutôt petit et très brun. Son œil noir brille d'une vive lueur d'intelligence, l'accueil qu'il me fait est des plus affables.

- Les expériences auxquelles je me livre, en ce moment, me dit-il, sont des expériences de sortie en astral.

« Voici comment je fus amené à les commencer ; un jour - c'était en septembre dernier - je me trouvais à la Bibliothèque nationale où je consultais un ouvrage traitant de la question : j'eus aussitôt le désir de faire moi-même une expérience du genre de celles dont je lisais le compte-rendu, et de me rendre immédiatement chez moi. Je fermai les yeux et chassai de mon esprit toute pensée importune.

« Quelques secondes s'étaient à peine écoulées que mon moi se libéra de son enveloppe. Je passai alors devant le gardien de la salle qui ne me vit pas, gagnai la rue Richelieu, puis parcourus l'itinéraire qui m'est habituel pour me rendre à Montmartre, arrivai devant ma demeure, montai les quatre étages, traversai la porte de l'appartement et le vestibule, entrai dans le salon, et, bien que mon intention fût de pénétrer dans mon cabinet de travail, m'arrêtai soudain sur le seuil. Je venais, en effet, d'apercevoir ma femme, assise devant mon bureau, et d'avoir la sensation qu'un étranger était dans la même pièce (ma femme recevait effectivement une visite). Contrarié et intimidé par cette présence, je rebroussai chemin et regagnai la Bibliothèque nationale où je repris possession de mon corps. Mon absence avait duré dix minutes.

- Quelles furent vos impressions ?

- Très désagréables. Pendant cette courte promenade, je volais ou plutôt, je glissais à plusieurs mètres du sol - à soixante centimètres environ au-dessus des voyageurs de l'impériale des omnibus - dans une position horizontale, et je filais à une vitesse vertigineuse, que j'avais conscience de pouvoir encore dépasser.

« J'étais un peu dépaysé, vous devez le comprendre et j'avais peur, je l'avoue.

« Néanmoins cette expérience ne me laissa pas un trop mauvais souvenir. Elle ne me fatigua pas exagérément.

« Vers cette époque, j'engageai vivement un de nos confrères, Henri Christian, à poursuivre de son côté des expériences semblables.

« Christian, sujet vraiment merveilleux, est donc en quelque sorte mon élève. Il n'aurait jamais songé à s'extérioriser si je ne l'y avais poussé, après avoir lu dans son thème astral qu'il était particulièrement doué.

« Il suivit mon conseil et son premier essai, qui fut des plus intéressants, l'incita à persister.

« Cet essai eut lieu le 12 octobre dernier, à neuf heures du soir. Ainsi que cela avait été convenu entre nous, laissant son corps dans son appartement, situé près de l'Observatoire, Christian vint ici. Il me raconta le lendemain tout ce qu'il avait vu chez moi, avec une parfaite exactitude.

« Une deuxième expérience eut lieu cinq jours plus tard, à six heures du matin. Mais Christian ne m'avait pas prévenu, et quand il vint me voir l'après-midi, il me mit au courant de sa démarche matinale. Il me dit, notamment, avoir remarquer à gauche de la porte d'entrée, un pain mince et long qui, debout contre le mur, reposait en pleine poussière, alors qu'un morceau dé papier de soie en protégeait le milieu des souillures auxquelles cette partie n'était pas exposée. J'avais remarqué cette circonstance.

« Un sujet très intéressant, avec qui je me livre également à des expériences, est une jeune aquafortiste, Mlle B... Un jour, vers cinq heures du soir, cette personne s'extériorisa et se rendit chez une de ses amies. Or, elle fut fort étonnée de trouver l'appartement dans le plus complet désordre et de voir son amie à genoux devant son armoire et occupée à faire des paquets de linge.

« Le lendemain, en compagnie de son corps cette fois, elle se transporta chez son amie et apprit qu'elle avait déménagé le matin même.

« Mlle B... suivit très exactement les conseils que je lui avais donnés, c'est-à-dire de faire, durant ses sorties en astral, exactement les mêmes gestes que si elle était avec son corps. C'est ainsi que, cette fois-là, Mlle B... ne manqua pas défaire le simulacre de mettre son chapeau devant une glace où elle fut toute surprise de ne pas se voir !

- Êtes-vous bien sûr que la « sortie en astral » est réelle ?

- Absolument sûr, car, durant l'extériorisation, la vision est réelle et non de souvenir.

« Essayez de vous représenter la rue Richelieu ; vous la verrez certainement, puisque vous la connaissez, mais vous la verrez... sans la voir, si je puis ainsi parler. Vous l'apercevrez telle que vous l’avez vue maintes fois avec son va-et-vient de piétons affairés, avec les fiacres et les omnibus qui la sillonnent, où bien telle que vous l'avez vue un certain jour, à un certain moment qu'un incident quelconque vous interdit d'oublier ; en un mot vous la reverrez, mais vous ne la verrez pas, vous ne verrez pas son aspect actuel. La vision que vous en aurez ne sera pas circonstanciée.

« Or, pendant une extériorisation, vous voyez. J'ai vu, moi, la rue Richelieu, absolument comme si je l'avais suivie à pied, pas aussi nettement toutefois et comme si un voile avait été placé devant mes yeux, mais je voyais les gestes dès passants, je voyais les voyageurs monter dans les omnibus et en descendre. Seulement je voyais tout cela d'en haut; mon regard plongeait sur la foule, puisque je planais au-dessus d'elle, et cette différence dans la façon de voir prouve, à elle seule, que la vision est réelle.

« Henri Christian voit exactement comme j'ai vu, car il plane à une hauteur semblable ; quant à Mlle B... qui ne s'élève pas à plus de cinquante ou soixante centimètres, elle voit aussi bien que nous, mais différemment.

- Perceviez-vous les sons ?

- Non. Chacun de nous a toujours vu sans entendre.

- Comment expliquez-vous cette anomalie ?

- Je ne l'explique pas. Mais il me paraît probable qu'on doit pouvoir entendre aussi bien que l'on voit. Nous ne savons pas écouter sans doute. Voir étant de beaucoup le principal, puisqu'il s'agit de se diriger et qu'on est en proie à la crainte, on s’y efforce, tandis qu'entendre étant superflu, on ne s'y exerce pas.

« C'est là d'ailleurs une simple hypothèse que confirmeront ou infirmeront nos prochaines expériences, au cours desquelles nous tenterons de résoudre ce problème, en même temps que nous essaierons d'agir.

- D'agir ! Mais vous agissez, puisque vous vous dirigez !

- Oui, mais nous n'agissons qu'en cela. Il nous est impossible de manifester notre présence en frappant des coups ou en déplaçant des objets.

« Toutes les tentatives que Christian fit en ce sens - et il en fit déjà un certain nombre – ne donnèrent aucun résultat.

Chaque fois qu'il tenta de heurter un mur ou une porte, il ne réussit qu'à passer de l'autre côté.

« Il me demanda un jour de faire tenir, debout sur ma cheminée, une feuille de papier à cigarette pliée en deux dans le sens de la hauteur. Il voulait essayer, en soufflant sur lui, de renverser ce frêle obstacle. Il s'y employa de son mieux et n'y réussit pas.

« Nous parviendrons, je l'espère, à agir et surtout à frapper, car, dès lors qu'on éprouve une certaine résistance en traversant un mur ou une porte - et la sensation a toujours été éprouvée par nous tous – on doit pouvoir faire rendre un son en les heurtant.

Seulement, nous ne connaissons pas encore le procédé à employer, procédé qui diffère évidemment de celui dont nous usons comme êtres humains.

- Toutes ces expériences présentent un intérêt réel ; mais les croyez vous sans danger ?

- Jusqu'à présent, ni Mlle B... ni Christian, ni moi, n'avons été victimes du moindre accident.

- Ne craignez-vous pas qu'en l’absence de son « moi »...

- ... Une larve, un élémental ou un démon quelconque ne s'empare du corps abandonné du sujet ?

« Certains de nos amis, et notamment M. F. Ch. Barlet (François Charles Barlet), le célèbre occultiste, me parlent parfois de ce danger. J’ignore si une telle crainte est fondée ; elle l'est peut-être, mais je n’en sais rien...

« Malgré ce doute, je n'en continuerai pas moins à expérimenter ; Henri Christian, Mlle B... et quelques autres sont également décidés à continuer. Du reste, nous prenons des précautions.

« J'ai dressé les thèmes astrologiques de chacun de nous, et nous faisons nos expériences pendant les heures planétaires convenables ; c'est-à-dire pendant les heures qui, selon le système des Arabes, sont commandées par des planètes correspondant aux parties du thème du sujet qui permettent l'extériorisation.

« La maison IX du thème de nativité, par exemple, est celle de l'extériorisation. Choisissez l'heure de la planète qui commande cette maison, et vous sortirez en astral sans danger. Mais ne tentez pas de le faire durant l'heure de la planète qui commande à la maison VI, car cette maison est celle du « home », et il est bien évident que vous ne pourrez sortir de chez vous.

« Christian en fit un jour et à son insu, l'expérience. Il s'extériorisa et tenta de venir chez moi. Mais il lui fut impossible de sortir de son appartement, parce qu'il essayait de le faire à l'heure où il ne pouvait dépasser les limites de son home.

« Et s'il avait tenté la même expérience à l'heure correspondant à la maison IV, non seulement il n'aurait pas pu venir chez moi, mais il aurait vainement tenté de s'extérioriser.

- Que de complications !

- Et encore, n'est-ce là qu'une théorie d'ordre général. La position réelle des astres au moment où l'on expérimente, et les aspects qu'ils présentent entre eux, modifient encore ces règles.

« Ainsi les aspects célestes actuels sont contraires à nos expériences, et c'est pourquoi nous avons suspendu, depuis quelque temps, le cours de nos études. Nous les reprendrons l'hiver prochain ; nous comptons expérimenter devant M. Dumas, professeur à la Sorbonne, et devant l'Institut général psychologique qui se sont émus des résultats que nous avons déjà obtenus.

...

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