La pratique du Zen

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La pratique du Zen

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Le Maître avait dans sa "petite bibliothèque "un livre appelé "la pratique du Zen" de Chang Chen Chi.
Dans le livre du Maître intitulé "Le collier du Bouddha" (18ème chapitre) par exemple, il raconte l'histoire du Maître Wu Wen tirée du livre de Chang Chen Chi.

Ici je vais retranscrire les 3 étapes successives de la méditation du 4ème chapitre intitulé "Bouddha et la Méditation" :

Première étape

La première sensation de celui qui médite, est le flux constant des pensées folles qui l'assaillent. Il découvre son impuissance totale à contrôler son esprit. Ses pensées errantes, plus nombreuses qu'auparavant, coulent sans cesse comme l'eau d'une chute. Cette première expérience déçoit et décourage de nombreux débutants, qui se mettent à douter de l'efficacité de la méditation, et de la possibilité d'atteindre Samadhi. Quelques-uns changent alors de technique, passent de l'une à l'autre, et renoncent finalement à la méditation. En fait, la méditation n’augmente jamais les pensées errantes, mais réussit à les révéler. Seul un esprit calmé peut reconnaître le flux constant de pensées qu'il n'avait pas deviné auparavant. Les progrès réels accomplis par celui qui médite, n'arrêtent pas pour autant les nombreuses pensées qui se bousculent dans son esprit en l'espace d'une seconde. Ce fait a été constaté par Bouddha lui-même, dans le sutra de l’Explication de la Profondeur Cachée.

La conscience Alaya (réserve) est très subtile et profonde ;
Tous les germes coulent en elle comme les eaux d'un torrent.
Je ne dévoile pas cette conscience aux fous et aux ignorants,
Je craindrais qu'il ne s'en pare comme d'une Réalité Personnelle.

Selon la philosophie Yogacara, le flux constant de pensées qui ne cesse de couler pendant la méditation, n'est autre que l'entrée en scène des « Germes-de-l'Impression » qui étaient restés cachés dans l’Alaya de la conscience. Ces germes, infinis, illimités et bien conservés, contribuent à édifier les principes fondamentaux de l'esprit. Il importe avant tout pour la méditation de reconnaître l'action de ces germes qui se manifestent sous la forme de « vagues » de pensées. Elle devra ensuite arrêter leur action propulsive, et les transformer en l'infinie capacité de la Bouddhéité.
Que le débutant ne se laisse pas décourager par ces pensées, qu'il continue les exercices de méditation, jusqu'à ce qu'il atteigne Samadhi.

Seconde Etape

Le yogi qui néglige les difficultés suscitées par le contrôle des pensées errantes et continue à méditer, constatera à la longue un ralentissement de leur cours, et pourra mieux les contrôler. Au début ces pensées jaillissent comme l'eau d'un torrent, mais le flot se calme peu à peu, et finit par couler lentement comme un grand fleuve, ne formant plus que de petites rides à sa surface.

Une fois cette étape franchie, le yogi sera sujet à d'étranges symptômes ; il aura des visions, entendra des accords célestes, respirera d'agréables parfums, et ainsi de suite. Si l'on en croit l'analyse Tantrique, la plupart de ces visions décevantes, sont causées par les Pranas, qui stimulent les différents centres nerveux. Le Guru met constamment son yogi en garde contre ces visions, et lui évite d'être trompé par elles. Le récit suivant est l'exemple typique de visions décevantes auxquelles on est sujet pendant la deuxième étape de la méditation.

Aux confins de la Lamaserie de Par-Pong, dans le district de Derge du Tibet oriental, s'élevait un petit ashram appelé la « Maison de Méditation » et habité par trente-six Lamas, qui avaient fait le vœu de méditer pendant trois ans, trois mois et trois jours, sans sortir de l'enclos de l'ashram, ni dormir sur un lit ou parler à toute autre personne qu'à leur Guru et leurs camarades de méditation aux heures permises. Par ailleurs, le silence le plus profond régnait dans l'ashram où les yogis observaient une stricte discipline. A la fin des trois ans, trois mois, trois jours de méditation, on célébrait solennellement la collation des grades aux Lamas. Tous les moines du monastère et les habitants du village assistaient à la cérémonie, puis, après les préparatifs nécessaires, un nouveau cycle commençait. Ce programme était suivi depuis deux cents ans dans la Lamaserie de Par-Pong.

J'y passai quelques mois en 1937, et j'eus alors l'occasion de m'entretenir avec un Lama qui venait de gagner ses grades. Il me raconta l'histoire suivante :
« Au milieu du cinquième mois de mes études, je vis un jour, pendant que je méditais, une araignée à quelques pas de mon nez. Sur le moment, je n'y pris garde. Quelques jours passèrent, pendant lesquels l'araignée toujours présente s'approchait de plus en plus de ma figure. Ennuyé par cette présence constante, j'essayai de m'en débarrasser. Je méditai d'abord sur le thème de la Compassion, offrant toute ma bonne volonté à l'araignée, mais elle était toujours là. J'implorai ensuite le secours du Protecteur-de-Dharma et récitai son féroce Mantrum (incantation sacrée), espérant ainsi exorciser l'araignée, mais je ne fus pas plus heureux. En désespoir de cause, j'essayai de méditer sur le caractère illusoire de toute chose, et de comprendre que cette araignée irréelle n'était que le fruit de mon imagination. Rien n'y fit.

Quelques semaines s'écoulèrent au cours desquelles l'araignée grandissait toujours et s'approchait de plus en plus de mon nez, malgré les efforts que je faisais pour la chasser. Elle devint bientôt si grande que je pris peur et m'arrêtai de méditer. J'allai trouver mon Guru et lui contai toute l'expérience. Il me répondit en souriant : à vrai dire, tu as épuisé tous les moyens et je ne crois pas pouvoir t'aider. Que comptes-tu faire à présent ?... Ces propos me bouleversèrent à tel point que je lui dis : Si rien ne peut m'aider, il ne me reste plus qu'à poignarder l'araignée, car toute méditation m'est devenue impossible. Bien que l'acte de tuer un être sensible soit un crime aux yeux de notre Seigneur Bouddha, le seul fait qui compte à présent, c'est l'obstacle qui m'empêche de poursuivre le chemin de l'Illumination.

Mon Guru répondit : Inutile de te dépêcher ! Ne tue pas l'araignée aujourd'hui, attends jusqu'à demain. Retourne dans ta cellule et reprends ta méditation. Si l'araignée paraît encore, marque-lui une croix à la craie sur le ventre. Reviens ensuite me voir !
Je suivis ses instructions, et lorsque l'araignée parut, je traçai à la craie une croix sur son ventre, comme le Guru me l'avait recommandé. Puis, je retournai chez lui et lui dit : Cher Lama, j'ai suivi ton conseil. Le Guru me dit alors d'enlever mon tablier. J'étais très intrigué, mais obéis. Alors, indiquant du doigt la partie inférieure de mon ventre, il me dit : Regarde plutôt toi-même ! Je baissai la tête et à mon grand étonnement, je vis une croix marquée à la craie sur mon ventre !
Si j'avais poignardé l'araignée illusoire, je me serais tué !

Troisième Etape

Le yogi, indifférent aux pensées errantes, au manque de confort physique, aux visions décevantes, et à toute autre forme d'empêchement, persistera dans la méditation. Alors seulement il atteindra le but de tous ses efforts, le stade de Samadhi. Il pourra commencer les exercices plus compliqués de Prajnamarita, et entrer ainsi dans la voie qui le mènera vers la Bouddhéité.

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