Chers Amis,
«Qui suis-je ?» ou sous sa forme sanscrite «Nan Yar ?»
Cette question est le cœur du Jnana Yoga, le yoga de la connaissance.
Le sage Indien Ramana Maharshi parvint à libérer l’essence divine de la bouteille du mental avec cette simple question « Qui suis-je ? »
Il me semble opportun de rapporter quelques extraits de la (longue) réponse qu’il fit aux questions que lui posa un étudiant inquiet, et qu’il aurait pu faire à notre ami Jeliel :
« Qui suis-je ?
Je ne suis pas ce corps physique, constitué des sept éléments subtils [dhatus], ni les cinq organes de perception sensoriels, c'est-à-dire l'oreille, l'œil, la langue, le nez et la peau, et leurs fonctions correspondantes : l'ouïe, la vue, le goût, l'odorat et le toucher. Je ne suis pas les cinq organes d'activité, c'est-à-dire les organes vocaux, les mains et les pieds, l'organe de la procréation et l'anus, et leurs fonctions respectives : le langage, les mouvements du corps physique, la jouissance et l'excrétion. Je ne suis pas les cinq forces vitales [prana, vyana, samana, apana, udana], qui permettent d'accomplir leurs fonctions correspondantes. Même l'esprit pensant, je ne le suis pas ; et pas non plus cet état d'ignorance dans lequel ne se trouvent que les impressions des objets, et non les objets eux-mêmes et leurs fonctions.
-Si je ne suis rien de cela, qui suis-je alors ?
Après avoir rejeté tout ce qui a été mentionné ci-dessus comme n'étant " ni ceci ni cela ", cette pure Conscience qui seule demeure - CELA je suis.
Quelle est la nature de la pure Conscience ?
La nature de la pure Conscience est Etre-Conscience-Félicité [sat-chit-ananda].
- Peut-on réaliser le Soi tout en prenant le monde pour réel ?
Non, ce n'est pas possible.
- Pourquoi ?
Celui qui voit et ce qui est vu sont comme la corde et le serpent [dans cette analogie, un homme voit une corde au crépuscule, la prend pour un serpent et s'effraye. Le serpent lui paraît parfaitement réel, mais son existence est illusoire, elle n'est fondée sur aucune réalité]. De même que la réalité de la corde, qui est le substrat, ne peut être perçue sans que ne s'évanouisse la perception illusoire du serpent, ainsi la réalisation du Soi, le substrat, ne peut être obtenue tant que perdure la croyance dans la réalité du monde.
- Quand est-ce que le monde, en tant qu'objet visible disparaîtra-t-il ?
Le monde disparaîtra lorsque le mental, cause de toutes les perceptions et actions, sera en repos.
- En quoi consiste la voie de l'investigation sur la nature du mental ?
Ce qui s'élève dans ce corps en tant que " je " est le mental. La pensée " je " est la première de toutes les pensées qui apparaissent dans le mental. Ce n'est qu'après sa naissance que les autres pensées s'élèvent. En d'autres termes, ce n'est qu'après l'apparition du premier pronom personnel que le deuxième et le troisième pronom apparaissent ; en l'absence du premier, le deuxième et le troisième ne peuvent exister.
- Comment le mental peut-il devenir tranquille ?
Par l'investigation " Qui suis-je ? ". La pensée " Qui suis-je ? " détruira toutes autres pensées, et, semblable au bâton qu'on utilise pour remuer le bûcher, elle sera, finalement détruite. C'est alors que surviendra la réalisation du Soi.
- Par quel moyen peut-on toujours se maintenir dans la pensée " Qui suis-je " ?
Lorsque des pensées surgissent, au lieu de les suivre, on doit plutôt se demander : "
A qui sont-elles venues ? ". Peu importe le nombre de pensées qui s'élèvent ainsi. Si vous vous demandez à chaque fois : "
A qui cette pensée est-elle venue ? ", la réponse sera : " A moi ". Si vous poursuivez alors l'interrogation " Qui suis-je ? ", le mental retournera à sa source et la pensée qui venait de surgir s'évanouira. En persévérant ainsi dans cette pratique, le mental développera peu à peu la capacité de demeurer dans sa source. Lorsque le mental subtil émerge en passant par le cerveau et les organes sensoriels, des noms et des formes du monde grossier sont perçus ; quand il s'établit dans le Cœur, les noms et les formes disparaissent. Ne pas laisser le mental s'extérioriser, mais le maintenir dans le Cœur est ce qu'on appelle " intériorisation " [antar-mukha]. Si le mental le quitte, on appelle cela " extériorisation " [bahir-mukha]. Ainsi, quand le mental demeure dans le Cœur, le " je ", origine de toutes les pensées, s'evanouit, et le Soi toujours présent resplendit. Quoique l'on fasse, on doit le faire sans le " je " de l'ego. Si l'on agit de telle manière, on s'apercevra que tout est la nature de Shiva [Dieu].
- N'existe-t-il pas d'autres moyens pour apaiser le mental ?
Il n'y a que l'investigation intérieure comme moyen adéquat. Si l'on s'efforce de maîtriser le mental par d'autres moyens, il ne sera maîtrisé qu'en apparence, car il s'élèvera à nouveau. Le mental peut aussi être apaisé par le contrôle de la respiration. Mais cela ne dure que le temps du contrôle de celle-ci ; quand elle reprend, le mental commence à s'agiter et à errer par la force de ses impressions latentes. Le mental est constitué de pensées. La pensée " je " est la première pensée du mental ; c'est l'ego. Quand le mental devient tranquille, le respiration est contrôlée ; est inversement, quand la respiration est contrôlée, le mental devient tranquille.
Toute comme la pratique du contrôle de la respiration, la méditation sur une forme de Dieu, la répétition de mantras, le régime alimentaire etc., ne sont que des aides pour apaiser le mental.
Par la méditation sur des images de Dieu et par la répétition de mantras, le mental acquiert la concentration ; car la nature du mental est précisément d'errer. Tout comme la trompe d'un éléphant cesse de s'agiter lorsqu'il tient une chaîne, ne cherchant plus alors à saisir autre chose, de même le mental, quand il est occupé à méditer sur des noms et des formes, ne s'intéresse à rien d'autre. Quand le mental se déploie sous forme d'innombrables pensées, chacune d'elles finit par s'affaiblir. Quand, au contraire, les pensées s'évanouissent, le mental se fixe sur un seul but et devient fort. Pour un tel mental la recherche du Soi devient facile.
- Les impressions résiduelles [les pensées] relatives aux objets apparaissent, interminablement, telles les vagues de l'océan. Quand seront-elles toutes détruites ?
Par la méditation de plus en plus intense et profonde, les pensées cesseront finalement.
- Est-il possible pour ces impressions, formées depuis des temps immémoriaux, de se résorber, afin que l'on demeure le pur Soi ?
Il est indispensable de toujours persévérer dans la méditation sur le Soi, sans laisser place au doute : " Est-ce possible, ou non ? ". Aussi pêcheur qu'on puisse être, il ne sert à rien de se tourmenter et de pleurer : " Oh, je suis un pêcheur, comment puis-je être sauver ? ". Si l'on renonce à la pensée " Je suis un pêcheur " et si l'on reste profondément centré dans la méditation sur le Soi, le succès est assuré. Il n'y pas deux mentaux, un qui serait bon et un qui serait mauvais ; il n'y a qu'un seul mental. Ce ne sont que les impressions résiduelles qui sont de deux sortes : favorable et défavorable. Quand le mental est sous l'influence des impressions favorables, on le considère comme bon, sous des impressions défavorables, il est dit mauvais.
On ne devrait pas se tourner vers les choses du monde et se mêler des affaires des autres. Aussi mauvais que certains êtres puissent paraître, il ne faudrait pas les haïr pour autant. Le désir doit être évité au même titre que la haine. Tout ce que l'on donne à autrui, on se le donne à soi-même. Sachant que telle est la vérité, comment peut-on encore refuser quoi ce soit à son prochain ? Si l'ego se manifeste, tout se manifeste ; si l'ego s'apaise, tout s'apaise. A mesure que nous nous conduisons avec humilité, le bien s'établit. Une fois le mental apaisé, peu importe le lieu où l'on vit.
- Combien de temps doit-on pratiquer l'investigation ?
Aussi longtemps que des impressions d'objets demeurent dans le mental, il est nécessaire de poursuivre l'investigation " Qui suis-je ? ". Dès que les pensées se manifestent, elles doivent êtres détruites à l'endroit même de leur origine par l'investigation. Se livrer sans interruption à la contemplation du Soi, jusqu'à ce qu'il soit réalisé, cela seul suffirait. Mais tant que la forteresse est occupée par les ennemis, ceux-ci tenteront de se lancer au dehors ; si, au moment où ils s'élancent, ils sont anéantis, la forteresse tombera dans nos mains.»
La Gnose est la synthèse de tous les yogas, Jnana, Raja, Bhakti, Kundalini, Agni, Karma…
Sans la connaissance de notre véritable nature, du qui
sommes-nous réellement, notre orientation restera nébuleuse et laissera toujours place au doute « Est-ce possible ou non ? ».
Ce témoignage merveilleux de ce maître indien qui vécut l’expérience de l’Etre est un exemple à suivre dans la pratique de l’étude de notre psyché.
J’invite tout aspirant à se dédier avec une ardeur infinie à l’étude sérieuse et profonde de son mental.
Il est urgent d’appliquer les préceptes d’or de la Révolution de la Dialectique :
http://download.don-et-compassion.com/L ... ctique.pdf
L’expérience du réel peut être la lampe pour nous orienter, comme celle que tient l’Ermite, l’arcane 9 du tarot des Bohémiens.
Cette lampe est la Lumière de la connaissance intuitive, directe, qui nous permet de nous orienter sur le chemin en lame de rasoir.
Les sages qui ont pu réaliser le vide illuminateur connaissent par expérience directe la différence entre l’Etre et le moi, entre le réel et l’illusion du réel produite par le "je".
Cet avantage extra-ordinaire peut se suffire à lui-même et c’est précisément le danger qui pèse sur les adeptes de la méditation profonde.
Nous les aspirants à l’Initiation, sommes les serviteurs de l’Etre, et mettons notre espérance dans son auto-réalisation à l’intérieur de nous-mêmes, ici et maintenant :
« C'est donc en vous, Seigneur mon Dieu, que je mets toute mon espérance et tout mon appui; c'est dans votre sein que je dépose toutes mes afflictions et toutes mes angoisses; car je ne trouve que faiblesse et inconstance dans tout ce que je vois hors de vous. Il n'est point d'amis qui puissent me servir, point de protecteurs qui me soient de secours, ni de sages qui me donnent un conseil utile, ni de livre qui me console, ni de trésor assez grand pour me racheter, ni de lieu assez secret pour m'offrir un sûr asile, si vous ne daignez vous-même me secourir, m'aider, me fortifier, me consoler, m'instruire et me prendre sous votre garde. »
L’imitation de Jésus-Christ - Livre 3ème - De la Vie intérieure
Le Bhakti-yoga, le yoga dévotionnel, est indispensable pour capter l’intention
cachée de l’Etre.
Il est incroyable que parmi ceux qui ont vécu le Samadhi, le Satori, etc., il y en ait qui n’aient point demandé "Père, quelle est Ta volonté pour ma vie ?"
Dans notre travail sur nous-mêmes, nous ne devons jamais oublier le 1er commandement de Dieu :
« Tu aimeras ton Dieu interne par-dessus toute chose, et ton prochain comme toi-même ».
Il est possible d’aimer plus l’extase Divine que notre Dieu interne et de ce fait, ne pas capter la Volonté de notre Dieu.
Le yoga sexuel est le trésor caché de l’Etre.
http://www.don-et-compassion.com/ordre- ... tique.html
Il est terrifiant de penser que ce trésor a été remis à nous autres, animaux intellectuels à la conscience endormie.
Il y a des ascètes à travers les siècles, qui n’ont jamais reçu le secret de leur Guru interne.
Il est important d’éveiller notre conscience afin d’apprécier l’énorme sacrifice du Saint Maître du Verseau.
Prions et veillons !
Paix & Lumière
L.